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Publié le 7 juin 2017 par Mediapart

Il faut de la clarté sur le projet environnemental de M. Macron

Nicolas Hervé, candidat EELV sur la 3ème circonscription des Côtes d'Armor considère que «les intentions de notre nouveau Président sur la protection de l'environnement sont extrêmement floues... Ces élections législatives ne peuvent pas être un chèque en blanc laissant la porte ouverte à tous les dégâts environnementaux du court-termisme propre au libéralisme économique».

Il n'y a plus une journée sans que des articles ou des reportages nous alertent sur les dégradations environnementales liées à l'activité humaine. Les solutions pour y remédier ainsi que les nouveaux modèles de développement sont globalement connus. Dans la société, ces thématiques sont fortement plébiscitées au fil des enquêtes d'opinion. Nous l'avons vu lors de la campagne présidentielle, malgré la très forte coloration écologiste des programmes de plusieurs candidats de gauche, l'absence de débat sur ces propositions a été fortement décriée.

Nous sommes aujourd'hui à la veille du premier tour des élections législatives, le gouvernement de M. Macron est en place depuis bientôt un mois, et si l'on en croit les sondages, le parti En Marche! obtiendrait une majorité absolue écrasante à l'Assemblée Nationale le 18 juin prochain. Pour appliquer quelle politique environnementale ? Les intentions de notre nouveau Président sur la protection de l'environnement sont extrêmement floues. Nous connaissons beaucoup mieux sa politique économique libérale et, malheureusement, ses inévitables conséquences sociales et environnementales.

La nomination de Nicolas Hulot au ministère de l'Environnement a été abondamment commentée. Coup marketing pour les uns, volonté affirmée de renouvellement pour les autres, en tout cas expectative pour toutes et tous. La question centrale qui revient dans toutes les analyses politiques est la marge de manœuvre que l'homme, sincère, pourra réellement avoir face aux autres ministres. Dans quel sens pencheront les arbitrages interministériels, quelle vision politique à long terme MM. Macron et Philippe souhaitent-ils développer, quel sera le poids de M. Le Maire et de Bercy, qui a de tout temps été un opposant farouche à la mise en place de solutions écologiques en France ?

À Notre-Dame-des-Landes, la nomination de trois médiateurs peut être perçue comme une bonne initiative permettant de réunir toutes les parties en présence pour étudier, une fois encore, ce dossier. Elle a toutefois le désagréable avantage pour M. Macron de ne pas avoir à arbitrer officiellement sur la construction de ce nouvel aéroport. Les débats ont pourtant largement eu lieu, tous les arguments sont sur la table, toutes les études ont été faites, il faut maintenant une décision politique claire et assumée.

Sur la 3ème circonscription des Côtes d'Armor, le projet minier de Merléac est un parfait exemple de l’ambiguïté politique dans laquelle M. Macron se complaît. La société Variscan détient un Permis Exclusif de Recherche Minière pour différents minerais sur une superficie de 41.100 hectares, impliquant 34 communes. Les forages peuvent techniquement démarrer du jour au lendemain. Or nous savons bien qu’il n’existe pas de mine propre. Les risques pour l’environnement, l’agriculture et, donc, toute l’activité économique du secteur sont immenses. Malgré une forte mobilisation des citoyens sur le terrain depuis plusieurs années, notamment autour de l'association Vigil'Oust, les responsables politiques nationaux ne se sont pas exprimés sur le projet. En écrivant une tribune sur ce sujet et en la faisant signer par mes principaux concurrents dans cette élection législative, il y avait pourtant là une situation propice à la clarification des intentions gouvernementales. Nous attendons pourtant toujours une expression officielle des principaux ministres concernés sur l'abrogation du permis d'exploration et, plus largement, sur une réforme nécessaire du code minier. Allons-nous, là encore, assister à une tentative de diversion, à des palabres sans fin dans le seul et unique but de ne pas avoir à affirmer une décision politique ? Le fait que le permis minier ait été signé par M. Macron, alors ministre de l’Économie, ne peut à lui-seul justifier le silence actuel.

L'urgence écologique impose une clarté sur le projet politique défendu par les différentes formations politiques. Ces élections législatives ne peuvent pas être un chèque en blanc laissant la porte ouverte à tous les dégâts environnementaux du court-termisme propre au libéralisme économique. Quelles que soient les orientations de M. Macron, qui seront, nous l'espérons, rendues publiques un jour, pour que des politiques respectueuses de l'environnement puissent être mises en œuvre, il faudra des député.e.s écologistes à l'Assemblée. Nous y défendrons nos idées avec clarté, constance et cohérence.

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